Exposition : Hommage à Kamel Yahiaoui (1966-2023)
Kamel Yahiaoui était un artiste contemporain important. Il était aussi l’ami de l’ACB qui, avec le soutien de Nathalie, son épouse, lui rend hommage du 12 février au 1er mars 2024.
Kamel Yahiaoui est né le 25 septembre 1966 à Bologhine, sur les hauteurs d’Alger. Il est mort le 31 juillet 2023 à l’hôpital Tenon à l’âge de 56 ans. En tant que voisin, artiste, algérien Kamel était un ami de l’ACB. Sur la photo, il montre une de ses œuvres en hommage à Nabile Fares, hommage rendu à l’ACB, le 22 octobre 2016.
Peintre, artiste plasticien, sculpteur, poète, il était le neveu du peintre M’Hamed Issiakhem. Son œuvre, inventive et novatrice, se déployait dans des dimensions gigantesques comme sur de simples cartes téléphoniques, sur des matériaux et des objets d’une extrême diversité, comme cette chaise (photo). Ses créations restent marquées par l’inquiétude, le tourment – tourment intérieur mais aussi tourments face aux horreurs de l’Histoire, celles que les hommes sont capables d’infliger à d’autres hommes, celles de leur répétition – « la reine de tous les scandales » comme l’écrivait Milan Kundera.
Ainsi et pour exemple ses deux créations : Rideau d’interrogation qui dénonce les « trois grandes déportations » : celle des Africains par les négriers, celle des Algériens en Nouvelle-Calédonie et en Guyane après la révolte de 1871, et celle des Juif durant la Seconde guerre mondiale ou encore Déportation, l’extincteur de dignité dans laquelle il évoque la Shoah : « Il est vrai que je suis le premier artiste appartenant par éducation à la culture berbéro-arabo-musulmane à traiter de ce sujet », déclare alors Kamel Yahiaoui qui précise : « Je lutte contre toutes les formes de racisme, d’antisémitisme, et contre tous ceux qui minimisent la dimension universelle des génocides et la non-reconnaissance de tous les crimes contre l’humanité ».
En 1995, il dessinait Le Mémoriel Sétif Guelma Kherrata, sur papier arche, exposé au musée de l’Histoire de l’immigration à Paris. En 2022, dans la cadre de l’exposition « Algérie mon amour » organisée à l’IMA, il exposait ses deux œuvres intitulées « La main du secours » sculpture créée en 2020 qui aborde la tragédie de Beyrouth et « La mer des tyrannies », installation de plus de 4 mètres de diamètre qui évoque cette fois l’exil et le drame des migrations en Méditerranée. « Ce sont des œuvres de résistances, et je ne raterais pas une occasion pour réfléchir à ce qui se passe autour de moi » disait alors cet artiste pour qui l’art devait aussi être politique.
« Il n'y a pas de couscous sans couscoussier »
A propos de son œuvre Le couscoussier de l’humanité réalisé en 2014, Kamel Yahiaoui écrivait : « J’ai réalisé cette œuvre que j’ai intitulée Le couscoussier de l’humanité peu de temps après le décès de ma mère, paix à son âme. Depuis la réalisation de cette œuvre qui plafonne à hauteur de 4 mètres, je n’ai pas encore eu l’occasion de la présenter au grand public, je n’ai pas cessé de penser, comment et à quel moment la présenter maintenant que le couscous est entré au patrimoine immatériel de l’Unesco, je demande à ce que mon œuvre Le couscoussier de l’ humanité entre au patrimoine matériel de l’Unesco ! Il n’y a pas de couscous sans couscoussier. Celles et ceux qui comprennent le sens de cette publication tant mieux pour eux, quant aux autres qu’ils mangent le couscous à la graine de la ruine. »
Vernissage le 14 février de 17h à 20h00.
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Sur le web : l’entretien donné par Kamel Yahiaoui à l’occasion de l’exposition organisée à l’IMA en 2022.