Ménilmontant
Si Avril 80 inaugure le devenir algérien de l’association, Ménilmontant sera « l’âme de son esprit » pour paraphraser Jean Amrouche. C’est Ménilmontant, ce village populaire, perché sur les hauteurs de la capitale, qui a offert à l’association bien des opportunités et nombre d’amis, d’animateurs et de responsables au long cours. C’est Ménilmontant qui a inscrit le projet culturel de l’ACB dans l’ici d’un quartier et dans sa présence à l’autre et au monde.
Ce Ménilmontant, bouillonnant et gavroche, sera un vivier d’hommes et de femmes, membres de l’association à part entière ou fidèles amis. Les faux masques identitaires et les faux nez des tartuffes ne résistaient pas ici à la fraternité de classe, au « côtoiement » du quotidien.
Il fut un bouillon de rencontres et d’amitiés. A commencé par Areski Béchar, Daniel Duchemin ou Farid Benbraham. La liste des hommes et les femmes du quartier qui feront l’ACB est longue. Tous ne peuvent être cités. Retenons tout de même et en premier lieu Hanifa Chérifi, Alain Seksig, Nathalie Duchemin, Nasséra Si Mohamed, Nora Méziani, Elisabeth Salhi, Arezki Salhi, Kamel Hamache, Pauline Davranche ou Mogniss H. Abdallah avec qui sera produit le documentaire Le Voyage du Kabyle sur la mémoire de l’immigration algérienne en France réalisé par Belkacem Tatem.
Au mitan des années 80, Ménilmontant enrichira l’équipe de nouveaux membres. Ils se nomment, Saadi Kessous, Boualem Sehrine, Saïd Fennouche surnommé Si Qaci pour son rôle dans la pièce Tacbalit de Muhend U Yehya, Slimane Amara, etc. D’autres viendront, d’ailleurs, comme Malika Aït Khelifa, Belkacem Tatem, Pierre et Malika Ardouvin, Samia Messaoudi…
Le Petit balcon, le petit bar sis de l’autre côté de la rue des Maronites, deviendra vite une « annexe » de l’ACB, le lieu de ralliement de nombreuses personnalités : Idir, Brahim Izri, Matoub Lounès, Chérif Issoulas, etc. C’est ici que Tahar Djaout accepta d’écrire pour la revue de l’association. C’est ici, en 1995, que les habitués purent croiser Michel Platini et Thierry Roland venus à l’ACB pour organiser un match de solidarité avec le Variétés Club de France, après la mort du jeune footballeur du Football Club Berbère, Douadi Atout.
L’ACB c’est déjà et un peu l’histoire de Ménilmontant, l’histoire de la longue présence kabyle en France et surtout de l’amitié et de la solidarité franco-kabyle. L’histoire s’enracine peut-être, au 45 boulevard de Ménilmontant, par la fraternité d’Eugène et d’Aziz : Aziz el Haddad, le fils du cheikh de la confrérie Rahmaniya, l’insurgé kabyle de 1871 qui s’éteint le 22 août 1895 chez son ami le communard Eugène Mourot ; en face du Père Lachaise, là où repose depuis 2020, le chanteur Idir et où se perpétue, pour l’éternité, son message de Kabyle inscrit dans l’universalité.