Avril 80, fraternité et solidarité
Avril 80. Voici que la grande Histoire entrebâille la porte de ce qui n’est pas encore une association parisienne. Avril 80 confirme la pertinence des ateliers culturels récemment ouverts mais aussi marque la nécessité de raccrocher l’initiative parisienne au train de l’Histoire de la revendication culturelle berbère. C’est durant ces mois de mobilisations et de solidarités que des liens se tisseront entre ces jeunes du XXe arrondissement et des militants plus aguerris de la cause berbère, militants culturels mais aussi politiques – car le combat se situait clairement dans la perspective d’une opposition au pouvoir d’Alger. Hend Sadi, Arezki Hamami, Saïd Boudaoud, Ferhat (imazighen Imoula)…. Tous membres de la coopérative Imedyazen.
Depuis le Printemps Berbère jusqu’au Printemps noir de 2001 en passant par la Décennie noire, le quotidien de l’association a été étroitement liée à l’actualité algérienne. En 1985, le Comité de défense des droits de l’homme en Algérie, présidé par Nabile Farès, élissait domicile à l’ACB. Le 22 septembre 1985, l’ACB organisait à la Mutualité un meeting en solidarité avec les militants des droits de l’homme en Algérie.
Dans les années 90, le lien fut plus humain encore, ne serait-ce que par le nombre d’Algériens arrivés en France, à Paris en particulier. Il y eut alors l’élan de solidarité à impulser, la nécessaire information à diffuser, de sorte que de nouvelles priorités se sont imposées à l’ACB. L’association est devenue, plus encore qu’hier, un pont, un relais, un espace ouvert, disponible et hospitalier. Cela ne fit que renforcer les convictions et les engagements déjà anciens de l’association : sa dénonciation de l’islamisation, des tartuffes, ceux d’Algérie, et ceux de France.
L’ACB deviendra une sorte de QG, un lieu où il sera possible de croiser, de rencontrer aussi bien avec des anonymes tout juste débarqués d’Algérie ou en transit (accueillis souvent dans le cadre des permanences sociales et juridiques) qu’avec des personnalités venues manifester leur solidarité et parfois leurs craintes : Matoub Lounès, Ben Mohamed, Brahim Izri, Idir, Ahmed Azzagagh, Méziane Ourad, Arezki Metref, Nourredine Saadi, Dilem…
Le 3 décembre 1994 l’association participait à la manifestation nationale en solidarité avec l’Algérie. Le jeudi 24 juin 1995, l’ACB fut la cheville ouvrière du concert de solidarité « Algérie la vie » organisé au Zénith par l’association éponyme autour d’Idir et de Khaled. Le 9 novembre 1996, en partenariat avec la FACAF, les ACB du Val d’Oise, de Mantes, de Nancy et le MCB de Rennes, l’association organisait à la Bourse de travail de Paris, un rassemblement pour la constitutionnalisation de tamazight en Algérie.
Le 25 juin 1998, Matoub Lounès était assassiné. Trois jours plus tard l’ACB organisait un rassemblement Place de la République à Paris, le jour de l’inhumation de celui qui fut plus qu’un camarade, davantage encore qu’un artiste disponible, un ami. Un ami qui, quelques jours seulement avant la sortie de son dernier disque, Lettre ouverte aux…, était heureux de faire écouter à l’équipe les premières maquettes de ce qui sera son dernier album.