L'ACB entre en scène
Parallèlement à ses ces ateliers quotidiens et de proximité, l’ACB, dès 1984, va s’engager dans une politique de grands spectacles qui exigeront de rassembler des centaines de bénévoles, des intervenants réguliers, autant de compétences et de savoir-faire, des dizaines d’artistes, têtes d’affiches et jeunes pousses qui tous, chacun à sa manière, permettra à l’ACB de vivre et de se développer. La Kabylie chantée, organisée en 1984 au Palais des Sports de Saint-Ouen avec Idir et Aït Menguellet, est la « première initiative qui nous a permis de sortir des manifestations dans la maison de jeunes de quartier » (Beben). De 1984 à 2013, l’ACB organisa des dizaines de spectacles, proposa une politique artistique et des productions exigeantes, offrant à un public pas encore coutumier du fait, des salles de spectacle prestigieuses (Olympia, Zénith, Palais des Congrès, Déjazet, Palais des Glaces, le Trianon, La Cigale, l’Elysée Montmartre…)
Cette politique a participé à décloisonner l’expression artistique kabyle en France, en refusant de cantonner les artistes et les productions dans quelques lieux réservés, en systématisant ces productions dans les plus grandes salles de Paris. Cette aventure fut l’occasion de travailler avec tout ce que le monde kabyle a compté et compte encore d’artistes. Et pour certains d’en faire des compagnons de route et des amis sincères. De ce point de vue, Matoub Lounès et Idir ont, chacun à sa façon, compté dans l’histoire de l’association. Ils ne furent pas les seuls, mais leur constance et leur dévouement furent uniques. Parmi les amis de l’association, il faut aussi compter le regretté Brahim Izri, Chérif Issoulas ou le fidèle Saïd Axelfi et sa troupe Idebalen. Sans oublier les partenariats avec Aït Menguellet, Chérif Kheddam, Nouara, Ferhat, Chérifa, Houria Aïchi, Agraw, Karima, Karim Amazigh, Djamel Allam, Malika Domrane, le groupe Azenzar, Sofiane, Ideflawen, Farid Ferragui, Karim Kacel et tant d’autres.
L’ACB s’efforça aussi d’aider à la création artistique. Il fallut pour cela la passion d’hommes et de femmes animés du feu sacré. Muhend U Yehya pour le théâtre, Nasséra Si Mohamed pour la danse, Hanifa Chérifi pour le chant. Les troupes s’appelèrent Asalu, Amendil et Tasga. Sans oublier, Belkacem Tatem, mobilisé à plusieurs reprises depuis 1984 pour ses compétences de comédien, de metteur en scène, de régisseur de plateau ou de réalisateur de documentaires. Les 29 et 30 juin 1984, le 1er Festival de théâtre d’expression berbérophone et française fut organisé à la Maison des Amandiers. Les 19, 20 et 21 juin 1985, dans la mêle salle se tint le second Festival de théâtre berbère.
La pièce Si Lehlu de Muhend U Yehya fut filmée au cours des représentations données au théâtre des Amandiers le 2 juin 1988. Elle est aujourd’hui disponible en CD. Depuis l’ACB a aussi produit Les Zémigrés (inspiré de Sin ni) interprétée par Kamel Mezoued et Méziane Kadache dans une mise en scène de Fellag. La pièce fut également enregistrée et un CD produit par l’association. Elle a présenté Fellag pour son Djurdjurassic Park au Quai de Jemmapes du 18 au 29 juin 1997. Le théâtre à l’ACB se furent aussi les ateliers de formations animés pendant plusieurs années par Salah Belkalem, lui-même et par ailleurs chanteur. Théâtre donc, mais aussi danse avec la troupe Amendil et chants avec la chorale de femmes Tasga créée en 1988, à l’initiative d’Hanifa Chérifi.
Il faut enfin ajouter la chorale des enfants qui enregistra, en 1985, sous la direction d’Idir, « Le petit village ».