Mammeri au cœur de la bataille d’Alger

De Mouloud Mammeri on connait l’écrivain, l’anthropologue, l’intellectuel – de haut vol – engagé, celui qui a formé une cohorte d’étudiants et d’étudiantes dont beaucoup sont devenus des personnalités de la culture ou du monde politique de premier plan. Mais que sait-on de celui qui avait exactement 40 ans en 1957 à l’heure du combat pour l’indépendance algérienne, en pleine Bataille d’Alger ? On ignore que l’auteur de La Colline oubliée (paru en 1952) et du Sommeil du juste (1955) fut engagé dans le combat nationaliste et justement pendant la Bataille d’Alger. En 2018, Tassadit Yacine et Hafid Adnani avait levé le voile sur cette « face cachée » de Mouloud Mammeri (voir ici).

Ici Hend Sadi retrace l’engagement de Mouloud Mammeri en exploitant de nouvelles sources dont un témoignage de son jeune cousin Gana Mammeri et des lettres de l’écrivain écrites dans la clandestinité, notamment celle adressées à l’écrivain français Marcel Moussy. L’examen de son itinéraire, l’analyse de sa production en tant que journaliste, romancier et intellectuel dans la confrontation au discours colonial et dans le débat interne au FLN, complètent les sources ici utilisées. Ainsi Mouloud Mammeri, sous couvert de pseudonymes, tint son rôle dans l’internationalisation de la cause algérienne. Discrètement et sans gloriole. Comme le disait un autre résistant, Vladimir Jankélévitch : « S’engager n’est point conjuguer le verbe s’engager, comme les farceurs à la mode qui font des conférences sur l’engagement, ni s’engager à s’engager, comme les écrivains célèbres, mais s’engager pour de bon, par un acte immédiat et primaire, par un acte effectif et drastique que nous appellerons la quoddité de la décision ». Ainsi fut l’engagement de Mammeri dans le combat nationaliste.