Transmettre langue et culture berbères à l’ACB,
le podcast d’Anne Pastor (France Inter)
Anne Pastor, journaliste et documentariste, autrice de plusieurs documentaires pour France Inter a fondé « En terre Indigène » qui a pour objectif de valoriser la parole des peuples autochtones, en particulier des femmes. Le projet a d’ailleurs reçu le soutien du Fonds des Femmes de Méditerranée. C’est dans ce cadre qu’elle a réalisé un reportage à l’ACB en 2019. Elle nous fait l’amitié de nous offrir cette version longue de ce reportage à l’ACB, espace de sociabilité et d’échanges, espace joyeux et convivial, où se retrouvent élèves, enfants, parents et équipe pédagogique avec Nacima Abbane professeur de tamazight et Farida Aït Ferroukh, anthropologue, universitaire et poétesse qui animait alors quatre cours de civilisation et un cours de chant.
Dans ce podcast dense et dynamique, elle restitue l’ambiance d’un samedi à l’ACB : « pôle fédérateur », « ambassade », « village kabyle ouvert » où règne « une ambiance apaisée et apaisante », comme à la « maison » ! Pour nombre de familles, le « samedi est LA journée kabyle ».
Vous y entendrez Hocine, Lucas, Youva, Sarah, Inès Tiziri, Kaidous, Melha quelques-uns des enfants du cours de Nacima grâce à qui les parents, à commencer par les mères, apprennent aussi à lire et écrire en kabyle. Comme le dit Nacima, « la langue est un trait d’union » entre les générations et ce, jusqu’en Kabylie, où les petits Kabyles de Paris, en vacances au village, peuvent dialoguer avec leurs grand-mères.
La question de la transmission linguistique et civilisationnelle est au cœur du reportage, restituant ainsi les enjeux qui se posent pour l’ACB, structure culturelle kabyle implantée depuis plus de 40 ans à Paris. Ce podcast permet de saisir les ressorts et les enjeux d’une transmission pluridisciplinaire, s’appuyant à la fois sur la langue, la culture, les contes, le chant pour satisfaire, tenter de répondre à autant de besoins, de projets personnels et collectifs : dialogue intergénérationnel, « approfondissement » culturel, acquisition des outils pour « trouver sa place », trouver l’ « équilibre » entre un ailleurs proche et un ici parfois lointain, pour se sentir pleinement français.e avec des valeurs kabyles, se « réconcilier » avec sa culture par une sorte d’ « anthropo-thérapie » comme le dit Farida, qui permet d’être en paix avec soi-même et ses origines tout en s’inscrivant dans la marche du monde.
Cette « envie de partager ma langue maternelle » pour Nacima, relève aussi de l’urgence car dit-elle « tamazight reste malgré tout menacée ». Il s’agit donc et aussi de résister. Sur fond d’un chant traditionnel kabyle en l’honneur de Fadhma N’Soumer, c’est aussi ce que dit Farida : « maintenant cela devient de la résistance de faire ce genre de chorale, de faire ce genre de transmission ».
Tout cela dans cet esprit qui est celui qui anime l’action de l’ACB depuis 1979 et que résume Farida en citant Gandhi : « Je ne veux pas que ma maison soit murée de toutes parts, ni mes fenêtres bouchées, mais qu’y circule librement la brise que m’apportent les cultures de tous les pays ».
Rendez-vous
le 18 mars à 15h00 à l’ACB.
37 bis rue des Maronites 75020 Paris (Metro 2)